Wednesday, May 03, 2006

Bilan de l’archéologie néolithique
en Provence-Alpes-Côte d’Azur 1994-2004


Le programme 13 :
“ Processus de l’évolution du Néolithique à l’âge du Bronze ”,
en région PACA




Olivier Lemercier



Introduction : objectifs et priorités du programme 13


Le programme 13 du CNRA, dans sa forme actuelle est issu de la programmation nationale de 1994, parue en 1997, et prenait la suite du programme P13 : Cultures du Chalcolithique et du Bronze ancien. Il a fait l’objet d’un bilan national 1995-1997 (2002) qui n’en a pas modifié les objectifs.


Ce programme envisageait l’évolution des sociétés du Néolithique vers celles des âges des métaux et prenait en compte les cultures du Néolithique récent et final, le Campaniforme et les phases du Bronze ancien.

Au niveau national, le programme reposait essentiellement sur l’archéologie funéraire en mettant en avant la nécessité de rechercher davantage les habitats correspondant aux nombreuses sépultures étudiées. Le programme accordait aussi au phénomène campaniforme une place centrale.

Dans le détail, il s’interrogeait sur :

- Les liens de causalité entre les évolutions climatiques et culturelles au passage de l’Atlantique au Subboréal.

- La signification de l’éclatement du Chasséen et la nécessité d’une précision chronotypologique des groupes culturels régionaux se mettant en place à ce moment.

- Le rôle de l’apparition de la métallurgie.

- Le phénomène campaniforme et ses relations avec les cultures de la fin du Néolithique.

- L’interprétation de la répartition relative des habitats et des sépultures.

- L’analyse des pratiques funéraires par la fouille anthropologique de sépultures selon des normes strictes et la publication de ces résultats.

- La reprise de l’inventaire des mégalithes de France.

Mais les priorités définies étaient aussi complétées par des problématiques spécifiques à des grandes régions. Concernant le Midi, le programme mettait en avant plusieurs questions :

- Les modalités de l’expansion du Ferrières, sa signification et ses causes.

- La précision de l’extension des différents faciès de la fin du Néolithique, en particulier en Provence orientale.

- Les faciès de la fin du Néolithique dans les Alpes et la moyenne vallée du Rhône.

- L’essor démographique de la fin du Néolithique, processus et conséquences.

- La datation des hypogées d’Arles.

- La place et le rôle des groupes à céramique à décor barbelé dans le Bronze ancien.

- La nature de l’habitat de plaine au Bronze ancien.


1. Bilan quantitatif des opérations


Les listes sont établies à partir du récapitulatif des données de la base Patriarche établi par le SRA et d’une relecture des tableaux et des fiches d’opérations du Bilan Scientifique Régional. Elles ne prétendent pas à l’exhaustivité mais comprennent néanmoins la quasi-totalité des opérations ayant livré des résultats significatifs pour le programme 13.


1.1 Les fouilles et sondages


Pour la période de 1994 à 2004, il est possible de recenser 75 opérations de terrain (hors prospections) qui ont contribué (ou sont susceptibles de contribuer) aux problématiques du programme 13 concernant le Néolithique final au sens large et le Bronze ancien (fig. 1).

Ces opérations sont le plus souvent ponctuelles, en raison du poids des opérations d’archéologie préventive. Ainsi 54 opérations ne sont mentionnées que pour une seule campagne de fouille, alors que seules 20 sites ont fait l’objet de plusieurs opérations successives (de 2 à 8-9 campagnes). Les 75 opérations correspondent à 133 campagnes de fouilles.

Mais au sein de ces opérations, il convient de distinguer d’une part les opérations programmées (14 sites), les opérations préventives de tous types (42 sites) et les sondages ponctuels (17 sites) ainsi qu’une opération d’Analyse et d’autre part les opérations directement inscrites dans le programme et celles dépendant d’un autre programme mais ayant contribué à celui-ci. Malheureusement, les données concernant les programmes correspondant à chaque opération ne sont pas disponibles pour plusieurs années de la période envisagée.


Les 15 opérations programmées correspondent pour l’essentiel à des opérations pluriannuelles. Seules 4 d’entre-elles ont fait l’objet d’interventions ponctuelles et deux de deux campagnes. Les autres sont des opérations étalées sur 4 à 8-9 années.


1.2 Les Projets collectifs de Recherche et Prospections thématiques


Concernant les Projets Collectifs de Recherche et les Prospections thématiques (fig. 2), il est beaucoup plus difficile de mesurer l’apport potentiel des opérations au programme qui nous intéresse, sauf lorsque l’opération dépend directement du programme. De ce fait le nombre d’opération pris en compte est certainement nettement surévalué. Nous avons recensé 52 opérations correspondant à 37 Prospections thématiques et 15 Projets Collectifs de Recherche dont les domaines ou secteurs d’étude ont pu apporter des données au programme 13. Cependant seulement 8 opérations sont directement liées au programme 13. La plupart des Prospections thématiques sont des opérations annuelles, mais certaines ont pu être conduites sur 2 à 6 campagnes. Les Projets Collectifs de Recherche sont des opérations pluriannuelles de 2 à 7 années successives. Au total ces opérations correspondent à 91 campagnes ou années d’étude.


1.3 Les autres opérations


Les prospections inventaires ne sont pas prises en compte faute de connaître le résultat des opérations qui ont cependant un grand intérêt pour l’occupation du sol à la fin du Néolithique et l’évaluation du potentiel des secteurs actuellement sous-exploités. Les relevés d’art rupestre de l’âge du Bronze ne sont pas pris en compte ici. Enfin de nombreuses opérations mentionnent la présence de vestiges attribuables à la Préhistoire en général, au Néolithique ou au “ Néolithique récent ” dans son sens de “ Néolithique moyen ou final ”. Elles n’ont pas été recensées en raison de l’absence d’informations exploitables.


2. Bilan qualitatif des opérations


2.1 Chronologie


Chronologiquement, les opérations de fouilles et sondages se répartissent sur l’ensemble de la période considérée par le programme 13. C’est le Néolithique final (excluant le Campaniforme) qui est le plus représenté avec 52 occupations ayant fait l’objet d’opérations. Le Campaniforme est représenté dans 27 opérations et le Bronze ancien dans 26 opérations. Il est aussi intéressant de noter que 11 opérations concernent des sites à occupations multiples (3 occupations minimum entre le Néolithique moyen et le Bronze ancien).


Parmi les Prospections thématiques, seules 8 sont directement rattachées aux programmes portant sur le Néolithique et 6 spécifiquement au programme 13, donc à l’évolution du Néolithique à l’âge du Bronze. Toutes les autres n’ont pas de spécificités chronologiques mais plutôt thématiques (Mines et métallurgie, histoire des techniques, approches spatiales, environnementales…).


Il en est de même pour les Projets Collectifs de Recherche, puisque seulement 5 concernant directement des programmes concernant le Néolithique et l’âge du Bronze dont 3 sont rattachés au programme 13. Les autres sont des opérations thématiques (Mines et métallurgie, histoire des techniques, approches spatiales, environnementales, anthropisation, terroirs et peuplements…).


La répartition des opérations en fonction de la chronologie semble correspondre aux attentes du programme 13, bien que les opérations concernant le Campaniforme et le Bronze ancien sont nettement moins nombreuses que celle concernant le Néolithique final.


2.2 Géographie


Géographiquement, il est possible d’observer que l’ensemble de la région a été couvert par les opérations relatives au programme 13. Néanmoins on note de fortes disparités concernant le type d’opérations selon les départements.

Ainsi les opérations de fouilles programmées se concentrent essentiellement dans le département des Bouches-du-Rhône (6 sites) puis des Hautes-Alpes (4 sites). Mais ces dernières opérations sont en lien avec la seule thématique métallurgique). Les autres départements n’étant concernés que pour un unique site.

Les sondages se répartissent de façon plus “ classique ” en région PACA avec une dominante pour les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse (3 sites), suivis par le Var (2 sites). Les départements alpins correspondant à la Provence orientale et septentrionale demeurant moins investis de ce point de vue (1 site).

Les opérations préventives (tous opérateurs confondus) montrent la même répartition que les sondages avec toujours la dominante des Bouches-du-Rhône (12 sites), du Vaucluse et du Var (9 sites) et les départements alpins en retrait, avec 6 sites pour les Alpes-de-Haute-Provence, 3 sites pour les Hautes-Alpes et 2 sites pour les Alpes-Maritimes. Cependant sur les 9 sites ayant fait l’objet d’opérations préventives dans le département du Vaucluse, 6 l’ont été dans le cadre de la seule intervention sur le tracé du TGV Méditerranée.


La géographie des prospections thématiques montre une situation inverse avec une forte dominance des département alpins (12 opérations concernant les Hautes Alpes et 9 pour les Alpes-de-Haute-Provence, 6 pour les Alpes-Maritimes) et 7 opérations pour le Var pour seulement 4 dans les Bouches-du-Rhône et 4 dans le Vaucluse. Cette tendance pourrait encore s’accentuer par la prise en compte des prospections inventaires, nombreuses dans les départements alpins.


Les Projets Collectifs de Recherche se répartissent en revanche de façon plus habituelle avec 7 opérations pour les Bouches-du-Rhône, 5 pour les Alpes-de-Haute-Provence et le Var, 4 pour le Vaucluse et les Alpes-Maritimes et 3 pour les Hautes-Alpes. Notons au passage que 2 de ces PCR, directement rattachés au programme 13 ont pris en compte l’ensemble des départements de PACA.


En grandes tendances, on remarque que l’activité se répartit sur l’ensemble de la région mais que les sondages, les fouilles préventives et les PCR se concentrent sur les secteurs méridionaux et occidentaux de la région. L’essentiel des opérations conduites dans les départements alpins (Provence septentrionale et orientale) sont des Prospections thématiques (et sans doute des prospections inventaires) ne donnant que rarement lieu à des sondages et des fouilles. De plus, les activités concernant ses secteurs alpins sont presque toutes orientées vers les problématiques de la métallurgie.

La Provence orientale et septentrionale demeure donc en marge de la recherche sur la fin du Néolithique et la transition à l’âge du Bronze, malgré les recommandations du programme 13.


2.3 Problématiques spécifiques


2.3.1 Les approches chrono-culturelles


La transition du Néolithique moyen au Néolithique final


La question de l’éclatement du groupe Chasséen du Néolithique moyen, et de la précision chronotypologique des groupes culturels régionaux se mettant en place à ce moment, ne pouvait jusqu’en 1994 être abordée que par la grotte de Ménerbes (Vaucluse). Cette question a été alimentée de façon très importante pendant ces dix dernières années aussi bien par le redéveloppement de travaux concernant le Néolithique moyen (non pris en compte dans le programme 13) que par une série de découvertes principalement en contexte préventif. Les fouilles préventives concernées appartiennent essentiellement à l’opération d’archéologie préventive sur le tracé du TGV Méditerranée avec les sites des Juilléras, des Ribauds et du Dduc à Mondragon (Vaucluse) et la nécropole de Château Blanc à Ventabren (Bouches-du-Rhône). Mais, il est possible d’y ajouter le site de la Blaoute à Crillon-le-Brave (Vaucluse) qui a fait l’objet d’une petite intervention préventive et la grotte du Mourre de la Barque à Jouques (Bouches-du-Rhône) qui fait l’objet d’une fouille programmée pluriannuelle. Ces opérations préventives et programmées, associées à plusieurs autres s’intéressant à la fin du Néolithique moyen, ont permis de constituer des corpus documentaires inédits montrant l’existence d’ensembles différents à la transition entre le Néolithique moyen et le Néolithique final. Plusieurs datations radiométriques ont pu être effectuées et une approche stratigraphique inédite pour cette période a pu être réalisée sur le site du Mourre de la Barque.

Une table ronde internationale sur ce sujet réunie à Aix-en-Provence en mars 2005 semble avoir suscité un grand intérêt et devrait permettre de relancer la recherche sur ces problématiques.


Les cultures du Néolithique final (Particulièrement Provence orientale et Alpes)


Concernant les cultures du Néolithique final, l’essentiel des opérations a concerné les secteurs les mieux connus de la région afin de préciser la définition des cultures déjà reconnue. C’est le groupe Couronnien qui a fait l’objet du plus grand nombre de travaux avec plusieurs fouilles programmées, particulièrement celle du site éponyme le Collet-Redon et celle de Ponteau-Gare à Martigues (Bouches-du-Rhône), mais aussi préventives comme la Petite Bastide à Bouc-Bel-Air, La Tourette à Marseille, et le RD6 à Gardanne-Meyreuil, toutes trois dans les Bouches-du-Rhône, ainsi que le site du Mirail à Peypin d’Aigues (Vaucluse). Le Couronnien a aussi fait l’objet d’un Projet Collectif de Recherche spécifique de 1998 à 2004 permettant de proposer un bilan documentaire et une définition actualisée de la plus importante entité culturelle de la fin du Néolithique provençal. Parmi les domaines étudiés, la céramique, l’industrie lithique, l’habitat, la parure, l’économie animale, l’industrie sur matières dures animales ont fait l’objet d’une attention particulière.


Le groupe Rhône-Ouvèze a aussi fait l’objet de nombreux travaux, essentiellement toujours en Provence occidentale ave de rares opérations programmées sur le site de la Bastide Blanche à Peyrolles, des Barres à Eyguières et du Fortin du Saut à Châteauneuf-lès-Martigues (Bouches-du-Rhône), mais surtout avec des découvertes dans des contextes préventifs dans le Vaucluse comme sur les sites du Chêne à Lamotte-du-Rhône et des Juilléras à Mondragon et au-delà de ce secteur, dans le Var avec les sites du Plan Saint-Jean à Brignoles et de Chemin d’Aix à Saint-Maximin. La céramique du groupe Rhône-Ouvèze fait par ailleurs l’objet d’une thèse de Doctorat permettant de préciser la définition de cet ensemble mais aussi de préciser l’attribution chrono-culturelle de nombreuses occupations fouillées ces dernières décennies en Provence.


La Provence orientale demeure en retrait de ces recherches chrono-culturelles, puisque seule la fouille programmée de l’abri Pendimoun à Castellar apporte des éléments nouveaux avec la mise en évidence d’une influence nord-italique (padane) dans les Alpes-Maritimes sous la forme de céramiques à décor métopal, probablement en contexte avec du Campaniforme ancien, offrant une correspondance chronologique intéressante entre ces deux régions.


La Provence septentrionale, en revanche, a fait l’objet d’un plus grand nombre d’interventions que les secteurs orientaux. La fouille programmée du site de La Fare a particulièrement permis de constituer des corpus de référence pour deux moments du Néolithique final régional avec une importante occupation de tradition couronnienne présentant de notables influences ferrières et un système d’enceintes inédit en Provence, ainsi qu’une occupation attribuable au groupe Rhône-Ouvèze avec la présence d’une sépulture individuelle de tradition campaniforme ancien. Mais de nombreuses interventions de moindre ampleur ont livré d’autres séries attribuables aux principales cultures de cette période comme les fouilles préventives de du Plateau du Moulin à Vent à Saint-Michel-l’Observatoire, de Pavoux-Lombard à Forcalquier, du Champs du Roi à La Brillanne (Alpes-de-Haute-Provence) et de Saint-Antoine à Vitrolles (Hautes-Alpes) ou encore le nouveau sondage dans la grotte du Perthus 2 à Méailles (Alpes-de-Haute-Provence). Par ailleurs, des opérations de prospections thématiques dans les Hautes-Alpes ont permis la mise en évidence de la présence de céramiques à carène basse de type Rhône-Ouvèze permettant de préciser l’extension de cet ensemble culturel à l’intérieur du massif alpin.


L’extension du groupe de Ferrières


L’extension du groupe de Ferrières, problématique soulignée par le Programme 13, peut être abordée en Provence par les résultats des fouilles de plusieurs sites et particulièrement en Haute-Provence, par les séries céramiques de la première occupation du site de La Fare à Forcalquier qui présente des influences languedociennes notables (décors de cannelures en épis, cordons horizontaux multiples…). Des éléments de même type (décors spécifiques) se retrouvent par ailleurs sur plusieurs sites du sud-Luberon comme celui du Mirail à Peypin d’Aigues ou celui de Gallon à Cucuron (Vaucluse), site fouillé en 1904 mais dont le mobilier a été étudié dans le cadre d’un PCR du programme 13. La présence d’éléments de tradition ou d’influence ferrières en Provence pourrait être intéressante pour comprendre la diffusion concomitante et peut-être associée de la céramique de tradition ferrières et des grandes lames en silex rubané du bassin de Forcalquier, vers l’Est de la France.


Le phénomène Campaniforme


La question campaniforme (excluant les céramiques à décor barbelé traitées dans le paragraphe suivant) a pu être alimentée en région PACA par de nombreuses découvertes sur l’ensemble de la région en contexte programmé ou préventif. En contexte préventif, il s’agit des fouilles du tracé du TGV Méditerranée aux Petites Bâties et au Chêne à Lamotte-du-Rhône, aux Juilléras et aux Ribauds à Mondragon, aux Bartras à Bollène (Vaucluse) et à l’Abri des Fours à Aix (Bouches-du-Rhône), ainsi que d’opérations plus ponctuelles comme à la grotte du Defens à Salernes (Var), au dolmen des Blaquières à Vence (Alpes-Maritimes), au Champs du Roi à La Brillanne (Alpes-de-Haute-Provence). En contexte programmé, les opérations les plus importantes sont celles de l’Abri Pendimoun à Castellar (Alpes-Maritimes), de La Fare à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), du Fortin du Saut à Châteauneuf-les-Martigues et de la Bastide Blanche à Peyrolles (Bouches-du-Rhône), mais de nombreuses autres opérations ont livré quelques éléments intéressant cette problématique comme les fouilles programmées du Collet-Redon, Ponteau-Gare et Saint-Pierre à Martigues ou encore les sondages de la grotte du Rat à Levens (Alpes-Maritimes) et de la Baume des Drams à Mazaugues et de la Bergerie des Maigres à Signes (Var). Par ailleurs, plusieurs opérations de prospections ont livré des éléments intéressants comme dans les Alpilles avec les prospections des Caisses de Saint-Jean à Mouriès (Bouches-du-Rhône) et surtout les prospections thématiques des Hautes-Alpes qui ont révélé la présence d’au moins deux nouveaux sites en secteur de montagne.

Divers aspects des problématiques campaniformes ont pu ainsi être abordés et notamment ceux liés à la première présence campaniforme, à sa datation et à on contexte d’insertion par les fouilles de La Fare, du Fortin du Saut et de l’Abri Pendimoun. D’autre part, il s’agit pour l’essentiel, pour l’ensemble de la séquence campaniforme, de la fouille de contextes domestiques et non uniquement de sépultures, permettant d’aborder les problématiques campaniformes d’une façon souvent novatrice.

Une synthèse des données campaniformes du sud-est de la France a été réalisée dans cette période, dans le cadre d’une thèse de Doctorat.


Les groupes à céramique à décor barbelé du Bronze ancien


Comme pour le Campaniforme ancien et récent, les découvertes concernant les groupes à céramique à décor barbelé ont fait l’objet de plusieurs découvertes importantes en PACA, ces dix dernières années. Les fouilles préventives sur le tracé du TGV Méditerranée y ont encore une fois largement contribué avec en particulier les sites des Petites Bâties à Lamotte-du-Rhône, des Juilléras et du Duc à Mondragon (Vaucluse) mais aussi du Clos Marie-Louise à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Mais là encore d’autres interventions préventives plus ponctuelles ont pu avoir des résultats importants comme celle de l’Usine Chiris à Grasse (Alpes-Maritimes). D’autres opérations, programmées ou de simples sondages, ont enfin alimenté cette problématique comme avec les sites de Martigues dans les Bouches-du-Rhône (Collet-Redon, Ponteau-Gare et Saint-Pierre), mais aussi le sondage sur le site d’Irrisson à Goult (Vaucluse). Enfin, s’intégrant pleinement dans la problématique initiée par le programme 13, une table ronde internationale (Aix-en-Provence, 1998) et un Projet Collectif de Recherche spécifique se sont consacré à cette question.


2.3.2 Les approches thématiques


Sépultures et habitats


Contrairement sans doute à d’autres régions de France, la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze sont envisagées en PACA principalement par la fouille de sites domestiques plutôt que celle de sépultures et de sites funéraires, mais ces derniers ne sont cependant pas oubliés.

Ainsi plusieurs interventions ont été organisées sur des dolmens anciennement fouillés ou pillés, dans le but d’observations archéologiques pouvant parfois être liées à des travaux de restauration. Il s’agit de monuments de l’Est Varois et des Alpes-Maritimes avec le dolmen de la Briande à Ramatuelle, le dolmen de la Gaillarde à Roquebrune-sur-Argens (Var), le dolmen de la Graou à Saint-Cézaire et le dolmen des Blaquières à Vence (Alpes-Maritimes). Mais on retiendra surtout la fouille d’un monument inconnu jusqu’alors et en grande partie préservé avec le dolmen de l’Ubac à Goult (Vaucluse) qui a permis d’observer, en outre, la longue durée de l’occupation du site funéraire.

L’archéologie funéraire ne se limite pas au dolmen et l’ensemble le plus important demeure la nécropole de Château Blanc à Ventabren (Bouches-du-Rhône) qui a livré plusieurs tombes tumulaires de la transition du Néolithique moyen au Néolithique final, un dolmen du Néolithique final et une tombe en coffre attribuable au Bronze ancien. La fouille de l’hypogée des Boileau à Sarrians (Vaucluse) s’est par ailleurs achevée en 1994 et d’autres sites ont livré des éléments intéressants comme la sépulture individuelle campaniforme de La Fare à Forcalquier et l’ensemble funéraire des Juilléras à Mondragon (Vaucluse) avec un petit monument mégalithique à inhumations collectives, sans doute attribuable au début du Néolithique final et une cellule d’inhumations individuelles et multiples en fosse et en caisson attribuable à la transition du Néolithique final au Bronze ancien. Les sépultures en cavité demeurent les plus nombreuses à être fouillées pour cette période avec la grotte du Defens à Salernes, la grotte des Cèdres au Plan d’Aups et la Baume des Maures à la Garde-Freinet (Var), la grotte du Rat à Levens (Alpes-Maritimes), la Baume di Cabri aux Baux de Provence (Bouches-du-Rhône), et l’Aven des Praux à Montsalier (Alpes-de-Haute-Provence).


La datation des hypogées d’Arles


Les hypogées d’Arles n’ont fait l’objet d’aucune nouvelle intervention dans la période 1994-2004.


Evolutions climatiques et culturelles


Les études environnementales se sont particulièrement développées pendant les années 90 et ont été intégrées à la plupart des opérations de fouilles sur les sites de la fin du Néolithique et du début de l’âge du Bronze. Si l’intérêt des études environnementales n’est plus à démontrer, on peut en revanche s’inquiéter de l’effet de mode conduisant à des pratiques outrancières, comme le fait de ne plus pouvoir fouiller un site de la fin du Néolithique sans y intégrer un programme paléoenvironnemental même lorsque le site ne le permet pas. Des études paléoenvironnementales et paléoclimatiques intéressantes ont cependant été initiées en région PACA pour la période qui nous intéresse, en particulier avec des opérations proprement environnementale comme le Projet Collectif de Recherche portant sur le chenal de Caronte à Martigues (Bouches-du-Rhône) et surtout des opérations concertées entre archéologues et environnementalistes comme la vaste opération de géoarchéologie sur le tracé du TGV Méditerranée et le Projet Collectif de Recherche portant sur l’occupation humaine du versant sud du Grand Luberon (Vaucluse).


La métallurgie


Les questions liées aux activités métallurgiques, envisagées le plus souvent de façon diachronique) ont fait l’objet d’un très grand nombre d’opérations pendant les dix dernières années. Il s’agit pour l’essentiel d’opérations de prospections thématiques visant à localiser les gîtes de minerais et les exploitations. Ces opérations ne semblent pas avoir conduit à un grand nombre de sondages ou de fouilles et seul l’ensemble des Clausis (atelier et mine) se démarque par une série d’opérations d’envergure. Les découvertes permettent de dater les exploitations de cuivre de Saint-Véran du début du Bronze ancien, mais aucune exploitation antérieure ne peut encore être assurée.


L’essor démographique de la fin du Néolithique


L’essor démographique de la fin du Néolithique n’a pas fait l’objet d’un programme spécifique en région PACA et cette question n’est actuellement alimentée que par la fouille des sépultures collectives et l’accroissement constant du nombre de sites répertoriés dans la région pour les périodes concernées.


L’habitat de plaine au Bronze ancien


Les opérations concernant le Bronze ancien ont été assez nombreuses si on considère les opérations portant sur les groupes à céramique à décor barbelé. Ces interventions s’étendent sur l’ensemble de la région, depuis les Bouches-du-Rhône jusqu’aux Alpes-Maritimes et aux Hautes-Alpes témoignant d’une bonne prise en compte géographique. Elles restent cependant très en retrait de l’investissement observé pour le Néolithique final.

La question spécifique de l’habitat de plaine n’a pas fait l’objet d’un programme spécifique mais peut être alimentée par plusieurs opérations comme celle des Juilléras à Mondragon et des Petites Bâties à Lamotte-du-Rhône (Vaucluse) et de Plan de Campagne aux Pennes-Mirabeau dans les Bouches-du-Rhône. Mais ces découvertes demeurent trop sporadiques et de faible étendue pour réellement aborder les questions de l’habitat.



La diffusion des résultats – Les publications

Après ce rapide bilan des opérations et de leurs contributions aux différentes problématiques soulignées par le programme 13, il nous a semblé utile de considérer l’apport réel de ces opérations en terme d’exploitation des données acquises et de mise à disposition des données auprès de la communauté scientifique.


S’il demeure difficile d’avoir connaissance de tous les projets de publications en cours ou à venir et de juger de leur état d’avancement comme de leur réalité, il semble néanmoins que l’intense activité archéologique pouvant alimenter les problématiques du programme 13 en région PACA ne se traduit pas par une intense parution de publication des données et des résultats d’étude.


Nous avons pu recenser dans les bibliographies régionales du Bilan Scientifique PACA de 1994 à 2004, 110 références concernant les sites ou les problématiques liés au programme 13 (excluant art rupestre et opérations purement environnementales). Il semble tout d’abord que ce recensement est bien loin d’être exhaustif, l’essentiel de la bibliographie régionale étant composé des envois des auteurs. De mémoire, nous avons pu trouver 12 références importantes manquant dans cette liste.


Si les principales fouilles programmées font l’objet de publications ponctuelles d’articles (Le Collet-Redon, Ponteau-Gare, La Fare, Pendimoun…), les fouilles préventives sont rares à absente si on exclue les grandes opérations comme le TGV Méditerranée qui a fait l’objet de publications spécifiques. Le principal support pour les publications concernant le programme semble être les actes de colloques et en particulier les Rencontres Méridionales de Préhistoire Récente, plutôt que les revues. Quelques publications majeures comme le “ Vaucluse Préhistorique ” ou “ âge du Bronze en Vaucluse ” ont permis de publier une masse de données importante mais sur des domaines ou des secteurs précis.

Par ailleurs les publications liées aux nombreuses manifestations de 2004-2005 n’ont pas été prises en compte et devraient voir de nombreux sites de PACA présentés : Congrès Préhistorique de France, Rencontres Méridionales de Préhistoire Récente, Table ronde Quatrième millénaire, Table ronde Industries lithiques d’Europe occidentale…


Une première analyse de la bibliographie régionale, au travers des recensements annuels dans les Bilans Scientifiques montre aussi l’extrême rareté, pour ne pas dire l’absence de publications monographiques. Fort heureusement, les articles et brèves publications ne sont pas rares et témoignent même d’une certaine activité spécifique de la part de la plupart des acteurs de l’archéologie dans la région, néanmoins, un nombre important d’opérations ne sont renseignées que par le Bilan Scientifiques régional, alors que d’autres, soigneusement recensées par la carte archéologique et les listes d’autorisations n’ont même pas fait l’objet de la moindre notice.

Concernant la période du Néolithique final au Bronze ancien, le décalage entre d’une part le nombre d’opérations et le volume de données acquises et d’autre part l’exploitation de ces données et leur diffusion auprès de la communauté scientifique, semble particulièrement préoccupant.


Synthèse : forces et faiblesses du programme 13 en région PACA. Eléments pour la définition d’une programmation interrégionale


Un bilan


Avec 75 sites fouillés (représentant environ 133 campagnes de fouilles), 37 prospections thématiques et 15 Projet Collectifs de Recherches susceptibles d’alimenter les problématiques du programme, la décennie écoulée semble avoir été particulièrement riche pour le programme 13.

Cependant, une analyse de ces données montre que les opérations de terrain sont essentiellement des opérations préventives, puisque les opérations programmées ne sont qu’une quinzaine et pas nécessairement dépendant directement du programme 13.

En terme de chronologie, l’ensemble de la période est couverte par ces opérations. En terme de géographie, la Provence orientale et septentrionale, très investies pour des opérations de prospections ou pour les programmes liés à la métallurgie, demeure en marge des problématiques chrono-culturelles malgré les incitations de la programmation.

Plusieurs questions envisagées par le programme 13 ont été largement alimentées dans la période 1994-2004 en région PACA. Il s’agit particulièrement des problématiques concernant la transition du Néolithique moyen au Néolithique final, le phénomène campaniforme et les groupes à céramique à décor barbelé.

Les aspects plus thématiques ont été traités de façon variable avec sans doute de réelles avancées concernant l’archéologie funéraire de la fin du Néolithique et la métallurgie du début de l’âge du Bronze.

Les questions des ensembles culturels de Provence orientale et septentrionale, de l’essor démographique de la fin du Néolithique et de la datation des hypogées de Fontvieille demeurent en revanche peu à pas abordées.

Concernant les opérations de terrain, certaines fouilles préventives et programmées semblent d’importance majeure. Pour les fouilles préventives, il s’agit surtout de l’opération sur le tracé du TGV Méditerranée qui a contribué à alimenter de nombreuses problématiques du programme 13. Pour les fouilles programmées, il s’agit surtout de la fouille d’importants sites du Néolithique final comme le Collet-Redon, Ponteau-Gare et La Fare.

Plusieurs Projets Collectifs de Recherches conduits ou initiés ces dernières années peuvent aussi fournir de nombreuses données comme le PCR sur le Couronnien, celui sur les premières productions céramiques du Bronze ancien et celui sur les productions laminaires remarquables.

En terme de publication, l’absence de monographie des très nombreux gisements de la fin du Néolithique fouillés dans les années 80 et 90 est notable et regrettable. L’intérêt des Bilans Scientifique régional ressort de l’absence de toute autre publication pour de nombreuses fouilles, particulièrement les fouilles préventives. Nous retiendrons les publications de “ l’âge du Bronze en Vaucluse ”, les notices du “ TGV Méditerranée ”, les “ stèles néolithiques du Musée Calvet ”, le “ Vaucluse Préhistorique ” et “ les Campaniformes dans le sud-est de la France ”, comme publications majeures intéressant le programme 13 en région PACA pendant la décennie 1994-2004.


Quelques éléments pour l’avenir


Au terme de ce rapide bilan des activités de 1994 à 2004, plusieurs points doivent être soulignés qui peuvent constituer quelques éléments de réflexion pour l’élaboration d’une future programmation interrégionale.


La problématique de la transition du Néolithique moyen au Néolithique final, qui constituait l’une des priorités du programme 13 a connu de notables avancées par la mise au jour de plusieurs corpus dans la région, parfois associés à des datations. Une récente table ronde sur ce sujet a montré l’intérêt renouvelé pour cette problématique qui devrait être envisagée dans l’avenir à la fois en Languedoc et en Provence mais aussi en associant des spécialistes du Néolithique moyen et du Néolithique final. Une opération collective, de type PCR, pourrait être envisagée sur ce sujet précis.

L’approche chrono-culturelle des secteurs actuellement peu investis de la région, les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes devrait constituer une priorité de la future programmation pour la fin du Néolithique. Les bases obtenues par de trop rares fouilles en Haute-Provence (La Fare, La Ponchonnière, Saint-Antoine…) et les très nombreuses prospections inventaires et prospections thématiques conduites dans les départements alpins dans les dernières années devraient fournir matière au développement d’opérations de fouilles permettant de caractériser les ensembles culturels de la fin du Néolithique dans ces départements et leur séquence. Par ailleurs, la mise en évidence de traits culturels d’origine italique (padane) à l’abri Pendimoun à Castellar à la fin du Néolithique montre l’intérêt de développer à terme une recherche spécifique sur les relations entre notre région et le domaine italique à cette période.

Le Bronze ancien, hors Bronze ancien 1 à céramique à décor barbelé, demeure méconnu en région PACA et mériterait une politique d’incitation.

Dans le domaine funéraire, on peut s’interroger sur la problématique visant à dater les hypogées de Fontvieille, dans le programme 13. Ces monuments, dont l’importance n’est plus a montrer, demeurent méconnus faute d’avoir été publiés de façon satisfaisante. Un programme visant à réunir la totalité des données disponibles concernant cet ensemble pourrait être engagé avec la publication (ou la réalisation) de plans corrects des monuments, actuellement inédits. La question de la fouille de l’un des monuments actuellement en réserve ne devra pas être posée avant la réalisation de ces travaux indispensables.

Les problématiques liées à la métallurgie préhistorique sont encore pour l’essentiel en souffrance. Malgré la cartographie d’un grand nombre de gîtes de minerai et la fouille de rares exploitations et ateliers datés du début de l’âge du Bronze, la recherche d’une possibilité de métallurgie néolithique ne doit pas être abandonnée.

Les approches paléoenvironnementales et paléoclimatiques doivent se poursuivre, particulièrement sous la forme de programme spécifique en évitant les excès constatés ces dernières années de vouloir faire du paléoenvironnement sur des sites qui ne le permettent pas.
La mise en place de programme de datations isotopiques pour les sites de la fin du Néolithique et du début de l’âge du Bronze pourrait aussi constituer une priorité du futur programme, en fonction de l’évidente carence de dates disponibles et de la médiocre qualité de nombreuses dates (mesures anciennes affublées d’erreurs importantes, datations de charbons en couche). Un protocole de datations pourrait être mis en place dans le but d’effectuer des datations sur dépôts d’ossements ou sur foyers constituant des faits archéologiques.

C’est surtout dans le domaine des publications que des efforts particuliers doivent être faits. Tout d’abord, l’évaluation des publications est particulièrement difficile en raison du recensement des publications dans le bilan scientifique régional qui est loin d’être exhaustif et qui gagnerait à être réalisé en commun avec les laboratoires de recherches qui établissent leur propre recensement. Surtout le décalage entre le volume d’opérations et la diffusion des résultats et des données est particulièrement préoccupant. De très nombreuses fouilles des années 80 et 90 (mais aussi antérieures) n’ont jamais fait l’objet de réelles publications. Il conviendrait sans doute d’aider à la réalisation des études nécessaires à ces publications sous la forme d’opérations de publications programmées comme le propose A. D’Anna. La situation est encore plus alarmante si on considère le nombre d’opérations particulièrement préventives qui ne font l’objet que d’une notice dans le BSR, voire d’aucune publication, ni mention. La diffusion des données et des résultats mérite dans tous les cas d’être discutée dans les prochaines années afin de trouver des solutions rapides.

Enfin, à l’occasion de la réalisation de ce petit bilan, de nombreuses incohérences, erreurs ou omissions ont pu être observées dans la base patriarche. Une grande partie de ces problèmes pourrait être résolue en consultant tout simplement le responsables des opérations enregistrées.
Réalisé en mai 2005 dans le cadre des activités de l’UMR 6636 ESEP (Aix-en-Provence) à la demande du Service Régional de l’Archéologie de PACA.
Rapport remis en juin 2005 avec les listings d'opérations et de publications annexés.

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